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fredag den 8. marts 2013

Horizons Littéraires - Blog 2

Recherche à Paris : 
La mère de Mozart 1777-78 
Molière et Mozart 
Ecrivains du XIXème siècle 
Mes souvenirs de 1957 - jeune fille au pair, la guerre d' Algérie «Vivre à côte de » Voltaire
Thorkild Hansen 1947



Edith Piaf 1949


Y-a-t-il plus parisien qu’Edith Piaf ? 

Paris 1er octobre 2011

L’aéroport de Roissy, une vraie fourmilière, le deuxième aéroport d’Europe, après celui d’Heathrow, se présente sous un mauvais jour, par une chaleur étouffante. Je maudis les mauvaises roulettes de ma valise ainsi que les lourds vêtements d’hiver – chaussures de randonnée comprises – que j’avais emportés ... il faisait froid à Copenhague ... Comme j’étais stupide !


Mon minuscule iPod ne pèse presque rien, et c’est comme du caviar pour les oreilles, pour plusieurs raisons :

Les enregistrements par l’acteur Klaus Maria Brandauer de 365 lettres ingénieuses écrites à et par Mozart. D’accord, au fil des ans, j’ai lu les lettres de Mozart plus d’une fois, mais ses paroles ne
cessent de me donner de nouvelles associations d’idées à chaque fois que je les entends.

Et l’enregistrement par l’actrice Senta Berger de « Mozart, une biographie » de Martin Geck. L’ex Bond-girl est devenue une grande actrice. J’aime tellement sa belle voix et sa lecture tout en nuances. J’écris plein de petites notes dans mon calepin. Je suis moi aussi en train d’enregistrer mes propres livres, je ne peux pas rêver d’un meilleur professeur que Senta Berger. Ou alors, peut- être, les actrices danoises Vigga Bro ou Githa Nørby. J’adore le son de la voix de ces vieilles dames. L’expérience et la passion ... elles sont décidément plus audacieuses.


J’ai aussi téléchargé, comme on dit, beaucoup de musique sur mon petit iPod. Mozart, bien sûr, mais bien d’autres choses aussi ; je reviendrai là-dessus dans des blogs ultérieurs.



Les copies des anciennes gravures sur cuivre de Paris dans les années 1770 pèsent beaucoup plus lourd, mais elles étaient nécessaires si je voulais partir sur les traces de Mozart et de sa mère. J’ai aussi emporté quelques livres de voyage, non pas pour savoir comment aller de A à B, on a Google Earth pour cela, mais plutôt pour les souvenirs des personnes de la même époque, surtout celles du cercle de Mozart.

Quel lien entre Molière et Mozart ?


Don Juan ... ou Don Giovanni en italien, la langue des opéras de Mozart.



Nous savons que Fridolin Weber, le père de Constanze, a donné à Mozart son exemplaire des œuvres de Molière, un cadeau précieux à l’époque, et Don Juan est après tout l’une des pièces de Molière.

Est-ce Lorenzo da Ponte qui a eu l’idée pour l’opéra de Mozart - da Ponte avait été l’ami du célèbre séducteur Giacomo Casanova dans sa jeunesse - ou bien est-ce Mozart lui-même qui s’est intéressé à ce sujet en lisant la pièce de Molière ? Nul ne le sait. Mais Mozart a passé beaucoup de temps à réfléchir et à rechercher des sujets adéquats pour ses opéras, et il lisait de nombreux livrets, pour lesquels il souhaitait ou ne souhaitait pas écrire la musique ; donc il n’est pas du tout improbable qu’il ait été inspiré par Molière.


Molière, 1622-73, a été baptisé à l’église Saint-Eustache, où l’enterrement de la mère de Mozart a eu lieu. Paris n’était qu’une petite ville à cette époque.


Le personnage de « Don Giovanni » remonte au XIVe siècle.



PONT ROYAL



Cependant, les livres les plus importants que j’ai emportés, ce sont les deux volumes de « Un studio à Paris » de Thorkild Hansen, son journal de 1947 à 1952.



Thorkild Hansen débarque à Paris en août 1947, par le Nord- Express, qui arrivait à la Gare du Nord à 4 heures tous les jours. D’une main, il portait une sacoche de sage-femme avec ses sous- vêtements, et de l’autre une machine à écrire d’occasion. Il disposait d’une bourse qui lui durerait six mois et d’un contrat avec le quotidien danois Ekstrabladet, auquel il enverrait des articles, et qui lui permettrait de vivre à Paris. Il avait vingt ans.


Moi aussi j’ai débarqué à Paris - assise pendant tout le trajet - à bord du Nord-Express, seulement c’était dix ans après Thorkild et j’avais dix-huit ans. Paris n’avait pas beaucoup changé depuis la guerre, qui semblait encore toute récente, et il n’y avait absolument pas d’argent à dépenser pour moderniser la ville.

Ce qui était très heureux pour moi, parce que, si l’on fait abstraction des changements rigoureux apportés par le Baron Haussmann aux rues et aux façades de Paris entre 1853 et 1870, les immeubles restants ressemblaient assez à ce qu’ils étaient lorsque Mozart et sa mère, Maria Anna, y arrivèrent en 1777... au cours de ce qui allait s’avérer le dernier voyage de celle-ci.


Par ailleurs, la France était en guerre depuis 1954 et, cette fois, l’ennemi venait pratiquement de l’intérieur – sous la forme d’une colonie française, l’Algérie. Les rebelles de l’ALN ne prenaient plus de gants, la France non plus, et cela se ressentait dans la vie de tous les jours à Paris. Il y avait des soldats armés devant tous les bâtiments publics, et des têtes d’Algériens décapités. Ils étaient sur la liste de « traitres » de l’ALN.


Pas vraiment une invitation à aller faire une promenade romantique au clair de lune le long de la Seine. Au contraire. Je n’allais absolument nulle part après la tombée de la nuit, jusqu’à ce que je rencontre Uschi (Ursula) aux Tuileries, où toutes les jeunes filles au pair, ainsi que les nounous professionnelles (en uniformes bleu pâle avec des tabliers blancs), emmenaient promener les enfants qu’elles gardaient.




Ma Mère

Nous étions toutes deux filles de mère seule, ce qui nous donnait un peu une identité commune. Les mères célibataires ou divorcées étaient rares à l’époque, et n’avaient pas bonne réputation ! Ma mère était divorcée ... et plutôt moderne pour son temps. Et elle avait fait partie de la résistance danoise. J’ai esquissé son portrait dans « Saut périlleux », le deuxième tome de la trilogie « Le Labyrinthe du mal ». C’était une femme passionnée, qui a vécu une vie pleine de tristesse.

La mère d’Uschi était veuve de guerre, très pieuse. Elle apparaît dans le troisième tome de la trilogie susmentionnée, que je prévois de publier en 2014.


Nous avons rapidement réalisé que nous partagions aussi le même sens de l’humour : le fondement le plus important de toute amitié. De plus, nous aimions toutes les deux lire, et nous désirions ardemment maîtriser les grands écrivains français. Nous y sommes partiellement arrivées, nous dévorions littéralement les livres. Ces livres, nous les empruntions dans la bibliothèque bien fournie de « ma » famille. C’était bien avant que les Mac, iPod et iPad ne deviennent nos nouveaux instruments de lecture. C’était même avant que tout un chacun ait accès à un poste de télévision.


Uschi travaillait aussi pour une famille. Toutefois, elle ne sortait pas de la chambre des enfants ou de la cuisine, où elle prenait ses repas avec les plus jeunes enfants. Ceux-ci n’étaient pas autorisés à manger à la table des adultes jusqu’à ce qu’ils soient capables de « manger proprement » en se servant d’un couteau et d’une fourchette !


Uschi suivait des cours de français à l’Alliance Française, ce que j’enviais beaucoup, mais le mari de Madame,
« Monsieur », appelait l’Alliance Française un « bordel » ! Il y avait toujours des hordes de jeunes gens attendant devant l’entrée à la fin des cours, et c’était son devoir de prendre soin de moi tant que j’étais sous sa responsabilité. Selon lui.


A la place, j’ai été envoyée à l’École Polytechnique, où je suivais des cours du soir avec des étudiants qui n’avaient pas encore leur bac ou qui avaient besoin d’améliorer leurs notes pour pouvoir aller à l’université. Je devais y prendre des leçons de français, pour lesquelles je n’avais pas du tout le niveau, mais, le jour de mon inscription, Monsieur m’avait demandé de sortir du bureau, pendant qu’il commençait à flirter avec la dame chargée de timbrer tous les documents nécessaires. C’était un Don Juan né, et il obtenait ce qu’il voulait.


Ni mes professeurs, ni moi, n’avons eu un tel succès, et j’ai fini par abandonner après seulement six mois de cours. J’en ai en fait appris beaucoup plus en restant à la maison avec Madame.


Monsieur m’emmenait et venait me chercher dans sa vielle 2CV. La voiture avait des suspensions telles que si la place qu’il avait choisie pour se garer était un peu étroite, il me demandait de m’asseoir sur le capot et de rebondir dessus, ce qui lui permettait de caser le pare-chocs sous la voiture garée devant ! Puis il s’agissait de se sauver de là vite fait.


Quoi qu’il en soit, Uschi et moi venions de milieux tellement différents qu’une réelle amitié entre nous n’était pas vraiment envisageable ; malgré cela, nous avions décidé que nous étions la nouvelle génération d’après-guerre ; en d’autres termes, nous montrerions la voie ! Cela nous faisait rire ; nous savions après tout que nous n’étions que des riens du tout, dépendant de nos familles pour nous acheter des bas et de nouveaux soutiens-gorge. Cela nous faisait encore plus rire, comme on ne peut rire que lorsqu’on a dix-huit ans et la vie devant soi.

C’est l’année où Albert Camus a reçu le Prix Nobel de littérature et sa photo était en couverture de tous les journaux. Uschi et moi l’adorions. Aussi bien ses livres que son apparence physique. Les jeunes garçons devant l’Alliance Française ne lui arrivaient pas à la cheville. Aujourd’hui, on dirait qu’il était cool. Camus avait été résistant pendant la guerre, il était né en Algérie et il écrivait un peu comme Kafka, comme Madame me l’avait expliqué lorsqu’on en était arrivées à Albert Camus dans l’éducation qu’elle me dispensait. Quelle chance j’ai eue !


Uschi et moi avions encore toutes deux des cauchemars en raison de la guerre – nous étions bien jeunes pendant la guerre, mais les choses que j’avais vécues pâlissaient en comparaison de la fuite d’Uschi et de sa mère devant les Russes. Nous en parlions beaucoup. C’est peut-être pour cela que les textes de Camus nous faisaient une telle impression. Le symbolisme de La Peste me donnait des frissons dans le dos : le fascisme, la persécution des juifs et tout le reste.



// Écoutant, en effet, les cris d’allégresse qui montaient de la ville, Rieux se souvenait que cette allégresse était toujours menacée. Car il savait ce que cette foule en joie ignorait, et qu’on peut lire dans les livres, que le bacille de la peste ne meurt ni ne disparaît jamais, qu’il peut rester pendant des dizaines d’années endormi dans les meubles et le linge, qu’il attend patiemment dans les chambres, les caves, les malles, les mouchoirs et les paperasses, et que, peut-être, le jour viendrait où, pour le malheur et l’enseignement des hommes, la peste réveillerait ses rats et les enverrait mourir dans une cité heureuse. //

L’Algérie obtint son indépendance en 1962, mais, à ce moment-là, Uschi et moi étions déjà rentrées chez nous depuis longtemps. Nous avons correspondu jusqu’à ce que le mur de Berlin nous en empêche. Ou en tout cas jusqu’à ce que je ne reçoive plus de réponses à mes lettres.


Cependant, nous étions encore à Paris :
Rentrer ensemble le soir après une séance au cinéma ne nous a pas empêchées d’être agressées en revenant des Champs Élysées, ni de vivre une expérience effrayante à Louveciennes, une petite ville à environ 15 kms de Paris, où j’ai passé l’été suivant seule avec les trois enfants de la famille. Cet hiver là, Madame avait donné le jour au petit Corentin, le fils tant espéré.


J’ai survécu, ... aux enfants comme aux Arabes, et j’y reviendrai dans un autre blog.


Et pour en revenir à Thorkild Hansen :
Les dix commandements de la « loi de Jante » régnaient dans les petites rues de Copenhague à cette époque-là ... en fait, ils règnent toujours, et pas seulement dans les petites rues. Benny Andersen explique assez bien ce phénomène : « Le Danemark est un pays où il y a une forte demande pour des chaussures trop petites d’une pointure. »

Loin de nous le modèle américain, où l’on achète ses chaussures une ou deux pointures trop grandes pour ensuite les remplir.


C’était assez naturel pour moi d’être envoyée à Paris pour faire du travail domestique à l’âge de dix-huit ans, certes en tant que jeune fille au pair, tandis qu’à l’âge de vingt ans, Thorkild Hansen, était, lui, déjà écrivain accompli ; il avait au moins déjà publié son premier livre sur Jacob Paludan. Et si vous souhaitez y voir une inégalité entre les sexes, je ne vous contredirai certainement pas.


Le journal de Thorkild Hansen « Un studio à Paris » s’ouvre sur trois citations :



Als Artist hat man keine Heimat
in Europa ausser Paris. (Un artiste n’a pas d’autre demeure en Europe que Paris)

Nietzsche


Paris - a fine place to be young; a necessary part of a man's education. (Paris – un bon endroit pour être jeune ; une étape nécessaire de l’éducation d’un homme) 


Hemingway



Heureux celui qui, avant que son esprit ne devienne lourd, Avec des yeux frais a vu Paris.


Ici le vieux Maître est jeune à nouveau,
Le jeune Maître devient sage.
Sophus Claussen

Ce n’est toutefois pas de cette façon que Mozart et sa mère perçurent Paris en 1777. Mozart méprisait les Français et leur maniérisme affecté - on est après tout à l’époque rococo - il n’aimait pas l’arrogance de la noblesse, il n’aimait pas leur cuisine - pas plus que sa mère. Il abhorrait les rues sales dans lesquelles il devait marcher, car il n’avait pas les moyens de payer un fiacre, quand, occasionnellement, il allait donner des cours à la fille - laide - d’un aristocrate.


Et, bien qu’on lui ait offert un poste d’organiste et de compositeur à Versailles, il préférait se casser le bras que de renoncer à son rêve et à son projet : composer des opéras ! Il s’était enfin libéré du joug de ses deux tourmenteurs de Salzbourg : papa Léopold et son employeur, le prince archevêque Hieronymus Colloredo ; et il n’avait pas l’intention de devenir le valais d’un autre aristocrate, et encore moins du roi de France.


Mozart ne pensait pas que gagner sa vie en tant que compositeur indépendant serait un problème ... son sens de l’indépendance était déjà très développé.


Madame Mutter essaya de persuader son fils d’accepter la position à Versailles, étant donné leur situation financière, dont Mozart était bien conscient. Il vendit joyeusement tout ce dont il pouvait se passer.

Anna Maria se faisait du souci, mais elle n’avait aucun moyen de contrôler son fils épris de liberté, même si c’était la vraie raison de sa présence à ses côtés pendant ce voyage.


Elle a très probablement argué du fait qu’il y avait un théâtre loin d’être insignifiant à Versailles, l’Opéra Royal, où Marie- Antoinette se produisait joyeusement quand l’envie lui en prenait.


Quand la reine lut la pièce de Beaumarchais, Le Mariage de Figaro, que Louis XVI avait interdit à tous les théâtres de représenter, elle fut tellement enchantée qu’elle monta la pièce malgré tout, s’octroyant l’un des premiers rôles, et on dit que le roi lui-même y avait passé un excellent moment.


L’Opéra Royal, qui était situé à l’intérieur du château même, pouvait accueillir 1 000 spectateurs et était construit modestement, en bois, stuc et papier mâché. En 1777 cela avait dû être une révélation.


En 2009, l’opéra a rouvert ses portes après rénovation complète, et, comme on peut le voir dans le clip ci-dessous, le public moderne a pu assister aux spectacles déjantés, exactement comme les nobles privilégiés le faisaient des centaines d’années auparavant. Sauf Mozart - qui l’aurait très certainement mentionné dans ses lettres à Papa Léopold. Et sinon, sa mère l’aurait fait sans aucun doute.


Appréciez !


SPECTACLES À VERSAILLES 
Réalisateur Monteur: Peterson Almeida: 

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